Elle n'en fait qu'à sa tête

Un article du "Monde" confirme la fâcheuse propension de la reine de la démocratie participative à n'en faire qu'à sa tête.
"Aucun poing, aucune rose rouge. Tout était bleu, mercredi 20 décembre, dans le gymnase d'Illkirch-Graffenstaden : la scène, le fond de scène, les panneaux-slogans et même les badges. Bleu comme le logo de l'association de campagne Désirs d'avenir, de Ségolène Royal. Bleu comme aucune réunion du PS ne l'est habituellement.Les élus socialistes étaient présents, membres de l'équipe de la candidate, comme Jean-Louis Bianco, son codirecteur de campagne, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l'Assemblée, ou bien élus du cru, comme l'ancienne maire de Strasbourg, Catherine Trautmann, ou le maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Même Henri Emmanuelli était là, en sa qualité de "coordinateur du projet socialiste". Mais chacun a été prié d'intervenir brièvement, ou pas du tout. Mme Royal tient le parti en lisière.Depuis l'investiture de la candidate, la jonction entre son équipe, restreinte, et le parti paraît laborieuse. Nommé codirecteur de campagne, François Rebsamen, numéro deux du PS, n'est jamais visible. Les informations circulent au compte-gouttes. Les dirigeants socialistes avaient appris au dernier moment le déplacement de Mme Royal au Proche-Orient. C'est encore le cas pour sa visite annoncée en Chine, début janvier. Tout se décide selon l'intuition de la candidate, qui n'en fait qu'à sa tête. "Elle n'écoute pas", s'agace un membre de son équipe.Le siège de la campagne, a-t-elle assuré, sera celui du parti. Mais elle emménage avec sa seule garde rapprochée boulevard Saint-Germain, à Paris, presque en catimini. Les mesures sociales et économiques exposées par François Hollande, dans Le Monde du 19 décembre, ont été abondamment commentées. Elle n'en a pas dit un mot. Mieux : le jour de la parution de l'entretien, Mme Royal a annulé deux conférences de presse sans explication. Voulait-elle échapper aux questions sur l'intervention du premier secrétaire du PS ?Son attitude a entretenu le doute sur leur rivalité potentielle. Cette ambiguïté n'a pas été dissipée par M. Bianco. Interrogé sur RTL, jeudi matin, il a précisé à propos de la CSG retraite, évoquée par M. Hollande, que ce sujet avait été "débattu dans le cadre du projet", mais "pas inscrit dans le projet". "C'est une idée en débat. (...) Que François Hollande (...) participe au débat participatif, c'est tout à fait son droit", a fait valoir M. Bianco.La candidate avait annoncé son intention d'étoffer son équipe, mais rien n'est venu. Au grand dam de dirigeants socialistes, qui attendaient un signe. Sur le terrain, les tensions sont parfois sensibles entre les comités Désirs d'avenir et les fédérations socialistes. Certes, le PS se met en ordre de marche. Mais la méthode très personnelle de la candidate déroute le parti. " Isabelle Mandraud

Le slogan qui déchire grave

La rupture tranquille de Sarkozy n'a qu'à bien se tenir. C'est du pipi de chat en comparaison de ce que nous promet l'affiche de la candidate socialiste : "Pour que ça change fort !" Même si on ne peut s'empêcher de penser aussitôt à la pub "Vichy Saint-Yorre, c'est fort !" Un programme électoral qui évoque une eau de régime n'est pas forcément synonyme de dynamisme.
Fort heureusement, son entourage a pris soin de préciser que ce n'est pas l'affiche définitive. Même si elle sera diffusée à trois cent mille exemplaires.
Voilà qui tombe bien. Car la photo est à l'image du slogan : floue. On voit la madone entouré de quidams qui ont la particularité d'être... flous ! Doit-on en déduire que c'est parce qu'ils n'ont pas encore été éclairés par la vérité céleste délivrée par la Poitevine ? Laquelle a tout de même la modestie de se tenir au milieu d'eux, à la même hauteur. Faudra-t-il attendre le résultat des élections pour que les admirateurs flous soient soudain touchés par la grâce de la clarté ?