Enfin la vérité sur Ségolène Royal !

Voici des extraits de l'entretien entre le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch et Eric Besson, ex-secrétaire national à l'économie du PS, qui paraît le 20 mars aux éditions Grasset sous le titre Qui connaît Madame Royal ? (166 pages, 12,90 euros). Un véritable brûlot qui ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas au PS !
Eric Besson, voterez-vous Ségolène Royal à l'élection présidentielle ?
Non. Je ne voterai pas pour Ségolène Royal. Ni au premier ni au second tour de l'élection. Sauf, évidemment, si elle était opposée à Jean-Marie Le Pen.
Il y a quelques semaines, vous faisiez encore campagne pour elle…
Il y a quelques semaines, je n'étais pas encore libre. Et sans doute pas mûr dans ma tête. J'étais secrétaire national du Parti socialiste, chargé de l'économie. J'étais un camarade dirigeant, dévoué et travailleur , qu'on envoyait au front des médias pour défendre la cohérence d'un programme qui s'élaborait au gré des inspirations de la candidate ou de son entourage. Je faisais mon travail et je masquais mes doutes. J'étais dans une histoire, dans un parti pris de fidélité à mon parti et à la candidate qui avait été choisie. (…)

C'est l'homme blessé qui parle?
Non. Ce serait trop commode de s'en sortir comme ça. Si je suis avec vous aujourd'hui, si j'ai décidé de faire ce livre, ce n'est pas par vengeance, ou pour purger je ne sais quelle humiliation. Je le dis sans passion aucune, calmement mais fermement : ce que construit Ségolène Royal dans cette campagne présidentielle est mensonger et dangereux, pour la gauche et pour la France. Elle prétend porter une rénovation démocratique? En réalité, elle construit un pouvoir personnel. Elle attise la méfiance envers les élus et la démocratie représentative. Elle joue de sa victimisation, elle instrumentalise le féminisme, les souffrances des femmes et celles des exclus, pour asseoir son pouvoir. Elle promeut une démocratie participative qui n'est que mascarade. Elle fait croire aux citoyens qu'ils seront les inventeurs de son programme, les vrais héros de son aventure? Tout le monde sait que c'est faux. Seule sa propre gloire la motive. Elle use et abuse de démagogie. Elle prétend briser des tabous, mais elle ne fait qu'accompagner l'opinion dans ses pulsions majoritaires. Et quand elle rencontre une résistance, elle édulcore, se réfugie dans le flou, ne précise rien. Alors, tout est possible, tout peut arriver. Rien ne peut être débattu, discuté, argumenté, puisque rien n'est clair. A l'arrivée, c'est l'arbitraire, des décisions incompréhensibles, l'opinion flattée, distraite, amusée, et des catastrophes économiques programmées…

Vous exagérez…
Non. C'est vous qui ne réalisez pas. En janvier dernier, Ségolène Royal avait décidé, d'une phrase, de rayer tout notre avenir énergétique. Ça s'était fait dans une discrétion émouvante, au détour d'une lettre-réponse qu'elle envoyait à Nicolas Hulot : une lettre qu'un conseiller avait rédigée et qu'elle avait signée, comme ça ! D'un coup, elle s'engageait à amener la part des énergies renouvelables à 50% – et non plus 20%, notre engagement initial, déjà très ambitieux. De fait, elle tuait le nucléaire et elle hypothéquait notre avenir industriel… Et ce sans en avoir débattu, sans en avoir discuté, sans avoir argumenté, ne serait-ce qu'une fois, avec des industriels, des élus ou des experts – ou même, tout simplement, à la télévision par exemple, devant les Français! Non. C'était décidé, comme ça, à la sauvette!

Elle ne dit plus cela…
Exact. Elle est revenue à la position initiale du PS – on l'a appris soudain dans son discours-programme de Villepinte [le 11février], décision royale tombée d'en haut ! Mais, avant, cela a duré des semaines; des semaines de tractations internes, obscures, éreintantes, où j'ai eu l'impression d'évoluer dans les arcanes d'une cour d'Ancien Régime, entre favoris et conseillers! On y reviendra, j'insiste. Un autre jour, elle a expliqué au peuple qu'il faudrait choisir entre un porte-avions nucléaire et le budget de l'éducation nationale! Comme si on pouvait, décemment, mettre en balance, opposer la défense nationale et l'éducation… Démagogie pure. Enterrement délibéré de toute notre culture de gouvernement. Et je ne vous parle pas, pas encore, de l'archaïsme qui sous-tend sa pensée : une détestation sourde de la modernité, de la science, de la raison et du progrès…

Vous auriez pu vous entendre…
Mais la fausseté de la démarche était telle – est telle, continuellement – qu'elle obère tout. Ses propres valeurs, elle ne les tient pas. Vous vous souvenez des centres fermés et de l'encadrement militaire pour les jeunes délinquants ? Ce tabou brisé dont on avait tant parlé, au printemps dernier? Pouvez-vous me dire où en est cette proposition aujourd'hui? Aux dernières nouvelles, il s'agirait d'organiser des camps humanitaires pour jeunes délinquants en Afrique, encadrés par des soldats ou des gendarmes… Mais c'est une blague ? Le développement, je sais ce que c'est. L'Afrique, je connais ses besoins. Le tiers-monde, ce n'est pas un terrain de jeu pour petits Français à problèmes, qu'une politique rouée voudrait rééduquer de façon exotique. (…) Que des militaires viennent appuyer et accompagner le travail des éducateurs, cela ne me choque en rien. Mais toute une frange faussement humaniste de la gauche a été heurtée dans sa bonne conscience. Manque de chance, ces gens-là étaient précisément des partisans de Royal. Alors, elle a battu en retraite, émoussé sa doctrine, inventé quelque chose de poisseux et consensuel, donc de parfaitement indigne! Et c'est cela, la politique autrement?

Qu'est-ce qui vous a réveillé?
Le hasard, ou la chance. On n'a pas toujours l'occasion de redevenir libre. Pour moi, c'est un événement fortuit qui en a entraîné un autre, puis un autre. Un agacement d'un moment, qui a provoqué des blessures puis une rupture. Et qui m'a ouvert les yeux… Ça commence à Villepinte, où Ségolène Royal a présenté son programme. Les fameuses 100propositions, que l'immense sagesse des débats participatifs avait inspirées… Vaste blague, évidemment, puisque tout s'est décidé entre Ségolène et ses conseillers, dans l'opacité la plus insupportable, à l'insu même des dirigeants du PS ! (…)

Racontez Villepinte…
Quand j'entre dans la salle, François Hollande est en train de faire un numéro d'anthologie sur le droit opposable et ses variantes : droit opposable au logement, aux crèches, aux maisons de retraite… Il se moque des propositions de Nicolas Sarkozy, sur le fond, mais avec une verve comique épatante. C'est pour ces moments-là que j'ai aimé François Hollande… Le seul problème est que nous pourrions nous-mêmes, socialistes, être la cible de ses moqueries. Le droit opposable au logement, dont François est en train de se moquer, il est dans notre programme…

Hollande ne connaît pas son programme ?
Disons qu'il avait eu un trou de mémoire… Ou, comme tous les grands acteurs, il n'avait pas voulu se priver d'une belle réplique…

Dont acte. Et ensuite ?
A midi, on se retrouve autour d'un buffet froid. Il y a quelques secrétaires nationaux, quelques artistes, les familles des nouveaux seigneurs – les écuyers de la candidate… Au milieu de ce brouhaha, Jean-Louis Bianco, le directeur de sa campagne, se lève et égrène les propositions que va donner la candidate dans l'après-midi. Tout ça dans un joyeux désordre organisé. J'essaie de capter ce qu'elle va annoncer. Je m'aperçois que ça va charger la barque en termes de dépenses. Je comprends qu'il va falloir revoir notre chiffrage. Et je réalise, également, que François Hollande, compagnon de la candidate et premier secrétaire du PS, découvre visiblement les propositions en même temps que moi! Plus tard, pendant le discours de Ségolène, je verrai que Bianco lui-même sera pris au dépourvu, quand sa candidate modifiera son texte, à l'inspiration du moment. Deux ou trois fois, je vais me tourner vers Jean-Louis pour lui faire un petit signe d'un air de dire : "Ce n'est pas ce que tu m'as dit." Il me fait un autre petit signe d'un air de dire : "Oui, mon vieux, ce sont les charmes du métier. Je n'y suis pour rien." Je vous résume. Pouvoir personnel de fait, affaiblissement des élus et des contre-pouvoirs, diabolisation morale de ceux qui s'opposent au bien… C'est quoi politiquement? Ce n'est pas de la gauche… Je sais. Dites "populisme", pour rester modéré. On est en France, pas en Amérique latine, même si certaines ressemblances sont troublantes… Si elle l'emporte, elle devra gouverner. La raison l'emportera… Si elle gagne, je plains son premier ministre. Il devra appliquer une politique imprécise, sous l'égide d'une présidente invitant au culte de la personnalité, tournant le dos à toute l'histoire de la gauche progressiste… Je ne sais pas où cela mènera. Je pense qu'on est sur une pente très dangereuse pour la France, si elle gagne.

Et si elle perd?
Si elle perd, le PS, qui aura abandonné ses principes et son identité pour une illusion, sera une nouvelle fois en crise majeure. J'en serai triste, au moins pour tous les militants, que j'aime et respecte, et pour tous ceux qui placent leurs espoirs dans le parti. Mais je préfère voir le PS obligé d'opérer enfin sa mue et devenir un parti réformiste assumé, plutôt que de risquer l'embolie de mon pays.

Ségolène Royal montre les dents



Jusqu'à présent, la Zapatera disait "ne pas s'occuper" de la campagne des autres, campant solidement sur son terrain : exprimer "des valeurs" et développer ses propositions.


En difficulté dans les sondages (doux euphémisme), la voilà qui montre les dents et vient sur le terrain favori du premier flic de France, alias "la matraque" (dixit Chirac), à savoir l'invective et la provocation.


Déjà très remontée contre Sarko lors de son voyage la semaine dernière aux Antilles, où elle a dénoncé sa conception "clanique" du pouvoir, la candidate socialiste semble se rappeler qu'elle représente un parti de gauche. Devant 3.500 personnes, jeudi soir à Grenoble, elle s'en est prise à nouveau à son rival de l'UMP, que dix sondages donnent vainqueur pour la présidentielle, depuis le 15 janvier.
"Je ne veux pas de cette société du "tous contre tous et du chacun pour soi" qu'un autre nous prépare, je ne veux pas d'un projet où la jeunesse est infantilisée, considérée comme une menace, un danger", a affirmé Mme Royal lors d'un débat participatif consacré à la jeunesse.
Marie-Ségolène n'y est pas allé avec le dos de la cuillère : "On pourra envoyer tous les bataillons de police et de gendarmerie que cela n'y changera rien, par les mots de la provocation, rien n'est réglé", a-t-elle lancé.
Dans un final flamboyant, elle a accusé à mots couverts le numéro deux du gouvernement de rechercher "l'organisation de l'insécurité" afin d'en faire "un argument de campagne pour faire peur" et a fustigé "les médias amis du pouvoir, qui relaient tous les coups, tous les pièges, toutes les chausses-trappes". Sarkozy tremble déjà.

La valeur d'exemple

Tout un symbole ! La Cour de cassation a condamné Ségolène Royal à payer 2.500 euros de frais de justice dans l'affaire qui l'oppose depuis dix ans à deux de ses anciennes assistantes parlementaires pour des salaires non versés.
Celles-ci ont également obtenu la tenue d'un nouveau procès devant la cour d'appel de Rennes, rapporte le Parisien paru mercredi 31 janvier. Evelyne Pathouot et Claude Fouchier réclament moins de 7.500 euros, pour le paiement de deux mois de salaire pour les mois de juin et juillet 1997 et pour préjudice subi. La décision de la Cour de cassation intervient au terme de dix ans d'un parcours judiciaire durant lequel les deux femmes n'avaient pas obtenu gain de cause ni devant les prud'hommes, ni devant la cour d'appel de Poitiers.

Evelyne Pathouot explique au Parisien qu'elle a été embauchée par Ségolène Royal fin 1995. Pendant deux ans, elle a été payée par l'Assemblée nationale, sur le quota d'assistants parlementaires de la députée. En 1997, l'Assemblée est dissoute et tous les collaborateurs sont licenciés. Les deux femmes, qui travaillaient à la permanence de la socialiste à Melle (Deux-Sèvres), se retrouvent alors en préavis. "Ségolène Royal avait quand même besoin de nous pour sa réélection", explique Evelyne Pathouot au quotidien, "mais à cause des comptes de campagne elle a d'abord voulu nous payer différemment". Au noir ? On n'ose l'imaginer ! En avril 1997, les deux assistantes ne sont pas rémunérées pendant trois semaines, ce qui vaudra à Ségolène Royal une condamnation aux prud'hommes. Le litige s'est par la suite compliqué autour des mois de juin et juillet 1997. Les plaignantes soutiennent qu'elles ont continué à travailler localement pour la socialiste, nommée alors ministre déléguée à l'Education. Selon l'avocat de Ségolène Royal, "les assistantes étaient en préavis et ont travaillé pour le député suppléant de Mme Royal, devenu ensuite un adversaire politique".

Scoop : on a retrouvé Fabius !

Laurent Fabius, alias l'homme à la moto, vit encore. Il a retrouvé le chemin de son blog (un problème de connexion internet ?) où il vient de publier un soutien mi-chèvre mi-chou à sa candidate favorite, qu'il ne prend bien sûr pas la peine de nommer. En creux, il lui dit : "Ma cocotte, ta campagne est nulle à chier. Tu as intérêt à faire dans le concret maintenant en parlant aux Français de leurs problèmes. Sinon va pas falloir attendre le 22 avril pour qu'on te ramasse à la petite cuillère."

"Si les récentes études d’opinion semblent moins favorables à notre candidate, tout peut encore se retourner dès lors que les thématiques choisies sont claires et pertinentes et que le débat de fond est engagé. Ne dilapidons pas notre énergie sur les terrains fangeux où on voudrait nous attirer, concentrons-nous sur nos propositions, défendons tous ensemble nos couleurs, parlons à nos électeurs et parlons de la France.

La première priorité pour moi est la question sociale. Les Français veulent d’abord des réponses progressistes et précises sur les salaires, l’emploi, les retraites, le logement, les services publics." Laurent Fabius

Avis de recherche

Où sont donc passés Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, les deux malheureux challengers de Ségolène Royal ? Evincés manu-militari par l'ex madone des sondages, qui a refusé de les prendre au téléphone le lendemain de sa victoire, ils sont depuis aux abonnés absents. En congé de la campagne et de leur parti, on ne peut même pas compter sur la lecture de leurs blogs pour prendre de leurs nouvelles. Depuis la désignation de Ségolène Royal par les militants PS, le 16 novembre dernier, DSK a publié, en tout et pour tout, 7 messages. Fabius... 2 ! Est-il utile de préciser qu'il n'y est jamais question de Ségolène Royal ? Détail amusant, DSK n'a toujours pas supprimé de sa page d'accueil son appel à signature pour soutenir sa candidature. On n'est jamais trop prudent. En attendant, un blog tenu par des militants socialistes, et intitulé "DSK revient", considère que le retour de l'ex-ministre des Finances est la seule façon d'éviter à Ségolène Royal de faire sombrer, tel le Titanic, le PS ou plutôt ce qu'il en reste, dans les eaux troubles de la campagne présidentielle.

Ils l'ont bien connue et s'en souviennent encore


Claude Allègre :

"Elle était ma ministre déléguée. La réalité est encore pire que ce qu'on raconte sur elle. Elle ne pense qu'à faire des coups, comme lorsqu'elle parle d'encadrement militaire."

"A vrai dire, les idées saugrenues de Ségolène que les Français découvrent chaque jour, j'en ai soupé. Un jour, elle déboule dans mon bureau avec un projet d'arrêté qu'elle voulait me faire signer. Il s'agissait d'interdire les strings au collège. Je lui ai dit que je ne voulais pas me couvrir de ridicule, elle est repartie vexée. Le lendemain, elle voulait suspendre le directeur des Arts et Métiers parce qu'il n'avait pas supprimé le bizutage, etc. Mais jamais ses idées ne concernaient la pédagogie, l'égalité des chances ou une réforme quelconque de fond. C'étaient toujours des gadgets d'autopromotion..."

« Elle ne travaille pas. Quand elle était avec moi au ministère, elle ne contrôlait rien. Les nominations d’enseignants partaient dans tous les sens. Un jour, à cause d'elle, je me suis fait remonter les bretelles par Jospin et Strauss-Kahn. Avec ça, elle est intraitable pour le personnel. A son cabinet, ça valsait. Elle a changé trois fois de chauffeur. Après mon départ, elle est passée sous la coupe de Martine Aubry, qui se plaignait d'elle tout le temps. »

Lionel Jospin :

"Personne n'a oublié son comportement vis-à-vis des camarades depuis des années. Elle ne rassemble ni les socialistes ni la gauche, et je redoute de voir le pays dirigé par elle."

Laurent Fabius, au sujet de la modernité supposée de Ségolène Royal :

"Je ne suis pas sûr que vouloir confier les primo-délinquants à des militaires soit l'exemple de la modernité."

Dominique Strauss-Kahn :

"On a déjà un Sarkozy dans ce pays, on a pas besoin d’en avoir deux ! "

La dernière de Bécassine

Une de plus ! De proposition ? Non, de gaffe bien sûr ! Ségo s'est fait piégée par l'imitateur Gérald Dahan, qui l'a appelée en se faisant passer pour le Premier ministre du Québec. L'air outré, il a lancé à la candidate socialiste : "C'est comme si nous, on disait 'il faut que la Corse soit indépendante'". Ségolène Royal a alors répondu en riant aux éclats : "les Français ne seraient pas contre d'ailleurs. Ne répétez pas cela. Cela va encore faire un incident, ce coup-là en France. C'est secret".
Au sein du PS, après avoir snobé ces ex-challengers DSK et Fabius, depuis disparus corps et biens, on avait compris que Ségolène Royal ne brillait pas par son esprit de rassemblement. On s'aperçoit, qu'à la tête de la République, ce pourrait être pire encore. Vive l'indépendance de la Corse ! Et... de la région Poitou-Charentes !

"Royal : l'heure des doutes"

Un extrait d'un article du "Nouvel Obs", peu suspect d'antiroyalisme primaire, qui donne du baume au coeur aux antiségolénistes primaires, secondaires et même tertiaires que nous sommes.

"Seule responsable de sa victoire hier, Ségolène Royal est aussi seule responsable de ce qui lui arrive aujourd'hui. Sa conquête du parti par l'extérieur et la dureté avec laquelle elle a traité ses rivaux défaits ont compliqué lesrelations traditionnellement tendues qu'entretiennent le PS et son candidat en campagne présidentielle. Son choix d'une longue phase de débats participatifs et son positionnement sur la méthode plutôt que sur le programme ont laissé s'installer l'idée qu'elle cherchait à gagner du temps, voire à masquer uneabsence de fond.
Son fonctionnement baroque, enfin, qui mêle une difficulté à déléguer, un refus de la contrainte et un art consommé de l'improvisation frôlant parfois l'amateurisme ne la met pas à l'abri d'un accident. Ségolène Royal n'en ignore rien. Elle a donc agi en connaissance de cause. Après tout, le cocktail ne lui a pas mal réussi lors de la campagne interne.
Le problème, c'est que les gaffes de cet hiver n'ont rien à voir avec celles qui ont émaillé l'automne. Les « écarts » supposés de Ségolène Royal durant les primaires (sur les 35 heures, l'encadrement des jeunes délinquants, la carte scolaire...) lui avaient donné chaque fois l'occasion de se démarquer, de cliver, pour au final faire tourner le débat autour d'elle. Ce n'est plus le cas désormais. Le pataquès avec le Hezbollah, la « bravitude », l'embrouillamini fiscal ou encore sa méconnaissance de la législation sur les violences conjugales n'ont fait qu'écorner son image et instiller le doute.
Consciente du risque, la candidate tente aujourd'hui de réagir. Par petites touches. Depuis une semaine, elle a multiplié les sorties médiatiques, précisé quelques propositions, étoffé son équipe de porte-parole et même modifié son calendrier. Les premiers comptes rendus des débats participatifs seront ainsi dévoilés dans les régions dès le 3 février avant une synthèse nationale le 11. Changer sans le dire, entendre sans se renier. En zone de turbulences comme en vitesse de croisière, Ségolène Royal reste la seule pilote d'une campagne calibrée pour et par elle."


Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur

De quoi je me mêle ?

Ségolène Royal est une diplomate née. La candidate socialiste a répété, mardi 23 janvier, lors d'un entretien sur Europe 1, les propos qu'elle a tenus la veille sur le statut du Québec. Lors d'une rencontre avec André Boisclair, le chef du Parti québécois (PQ), la candidate socialiste s'est déclarée favorable à la souveraineté du Québec. Radio Canada a ainsi diffusé un extrait dans lequel la candidate socialiste explique que sa position "reflétait des valeurs communes, soit la liberté et la souveraineté du Québec".
Cette rencontre entre un dirigeant indépendantiste québécois et la candidate socialiste a provoqué de vives réactions au Canada. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a estimé "tout à fait inapproprié pour un leader étranger de se mêler des affaires démocratiques d'un autre pays". Les propos de Mme Royal ont aussi été dénoncés par le nouveau chef du Parti libéral fédéral, Stéphane Dion, ardent défenseur du fédéralisme canadien. "On ne s'ingère pas dans les affaires d'un pays ami, on ne souhaite pas le démantèlement d'un pays ami", a-t-il dit.


Cabale au Canada

Quant au premier ministre du Québec, Jean Charest, il a dit ne pas avoir pris connaissance des propos de Mme Royal, relevant que ce sont les Québécois qui décideront eux-mêmes de leur avenir. Il a également noté qu'à sa connaissance, Mme Royal n'était jamais venue au Québec.

Rétropédalage toute

"Comme dans toute démocratie, le peuple qui vote est souverain et libre, et donc les Québécois décideront librement de leur destin le moment venu, s'ils en sont saisis", précise ce matin Mme Royal. Interrogée sur cette polémique, Mme Royal a ajouté que "ce n'est pas à la France de dicter ni aux Québécois ni aux Canadiens ce qu'ils doivent faire". "Mais en revanche les principes de souveraineté et de liberté ne me paraissent absolument pas contestables", a ajouté fort utilement la candidate à la présidentielle.

L'insoutenable légèreté de Ségolène

Vendredi, Ségolène Royal, plus vindicative que jamais, annonçait que, en cas de victoire, sa première loi serait contre les violences faites aux femmes et la nécessité de légiferer sur l'éloignement du conjoint violent.
Samedi, des élues UMP ont aussitôt exigé «des actes pas des mots». Et de rappeler que Ségolène Royal «n'a été présente ni en première lecture, ni en deuxième lecture, ni lors de l'adoption finale à l'unanimité» de la loi du 4 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple. Signé de Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, ce texte précise aussi que «madame Royal n'a d'ailleurs ni déposé ni cosigné d'amendements sur ce texte» issu d'une proposition de loi socialiste, avant d'estimer que ce sujet «est trop grave pour être instrumentalisé politiquement».

Aujourd'hui même, Dominique Perben a rappelé qu'il a mis en place il y a trois ans, quand il était ministre de la Justice, les mesures préconisées par la candidate PS.

N'en jetez plus !

Au doigt et à l'oeil !

Contrairement aux apparences, les propos qui suivent ne sont pas bidonnés. La vraie nature de Ségolène Royal s'y exprime dans toute sa plénitude (ce n'est pas un pléonasme). Une vraie mère fouettarde !

Ségolène Royal a assuré dimanche 22 janvier sur Canal + qu'elle conduirait les socialistes "à la victoire", pour autant qu'ils l'écoutent et "fassent ce qu'(elle) leur demande"."Vous verrez que les socialistes ne regretteront pas de m'avoir écoutée. Qu'ils fassent ce que je leur demande et je les conduirai à la victoire, non pas ma victoire à moi, mais pour un pays qui a un désir d'avenir", a lancé la candidate PS à la présidentielle.

"Je veux tenir bon sur ma conception de l'exercice du pouvoir et de la campagne présidentielle", a-t-elle affirmé, en réponse à certains doutes qui ont pu être exprimés au PS sur la méthode des débats "participatifs". Comme on lui demandait si elle n'avait pas snobé ses adversaires malheureux de la compétition interne, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, elle a assuré qu'elle avait "besoin de tout le monde" et que "tout le monde est à égalité".
"Tout le monde aujourd'hui doit être à l'écoute des citoyens et m'aider à porter la parole des Français", a-t-elle dit. "Si Laurent Fabius organise ces débats participatifs dans sa région, je serai à ses côtés", a-t-elle assuré.
C'est beau la démocratie participative !

Montebourg au piquet pour un mois

Bonne nouvelle : Arnaud Montebourg ne manque pas d'humour. Hélas pour lui, sa candidate préférée en manque sérieusement. Surtout ces derniers temps, où le bateau de sa campagne tangue sérieusement. Hier soir, au grand journal de Canal +, le porte-parole de Ségolène Royal, à qui l'on demandait quel était le plus gros défaut de Ségolène Royal, s'est écrié, avec une spontanéité confondante : "Son compagnon." Un vrai cri du coeur ! Arnaud Montebourg s'est empressé de préciser que "c'était pour rire". Mais le mal était fait. D'autant qu'on serait tenter de croire à sa sincérité. D'une part, parce que Arnaud et François ne sont pas franchement à tu et à toi. Mais surtout, après les déclarations malencontreuses du premier secrétaire du PS sur la nécessité d'augmenter les impôts, certains, dont Montebourg, commencent à se demander, si "Flamby" (surnom donné par Fabius à François Hollande) ne prendrait pas un malin plaisir à marquer des buts contre son camp.
Ségolène Royal a donc décidé, dans une mesure destinée "à rétablir l'ordre juste" (sic), de suspendre son flamboyant porte-parole pour... 1 mois. Quand nous écrivions dans ces colonnes, en novembre dernier, que Ségolène Royal s'adressait aux militants comme une maîtresse d'école fait la leçon à sa classe, nous n'étions pas loin du compte. Tout Sauf Ségo ne résiste pas au plaisir de vous livrer in-extenso le morceau de "bravitude" de la Poitevine."Quand le moment vient, conformément au principe qui est le mien, je rétablis de l'ordre, de l'ordre juste et j'exerce mon autorité juste, sans dramatiser les choses, mais sans laisser passer un certain nombre de choses", a expliqué Ségolène Royal en marge d'un déplacement à Paris. "Donc j'ai mis un carton jaune" à "mon ami Arnaud". "Il est suspendu de ses fonctions, il ne parlera plus en mon nom pendant un mois".
La droite a mis les rieurs de son côté en qualifiant Arnaud Montebourg de "M. Montebourde" (Nadine Morano). "Quand il y a un trou d'air, ça n'est jamais bon signe quand le pilote de l'avion réagit en coupant des têtes dans son équipe", estimait un autre député UMP, Laurent Wauquiez. La palme de l'humour revient à Dominique Paillé qui a déclaré : "Le jeune élève Montebourg a un mois de colle".

Fiscalement vôtre


C'est peu dire que le programme de Ségolène Royal n'est pas d'une folle clarté. Sur la fiscalité, le flou artistique, savamment maintenu par la candidate, a franchement viré à la confusion début janvier. Entre Hollande, qui souhaite créer une "CSG retraite", et Jack Lang augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 4000 euros nets par moi. Salauds de riches !
Afin de calmer le jeu, la candidate a botté en touche en chargeant DSK d'une mission sur la fiscalité. Ce dernier n'a pas d'emblée contribué à détendre l'atmosphère. Puisqu'il a exprimé dimanche de fortes réserves sur l'idée d'une "CSG retraite"."Je veux qu'on remette à plat l'ensemble de la question des retraites, et si à l'arrivée l'ensemble des forces de ce pays, politiques et sociales, arrivent à un consensus sur ce qu'il faut faire et que la conséquence de cela, c'est qu'il faut ce prélèvement, eh bien il le faudra", a déclaré Dominique Strauss-Kahn au "Grand jury RTL-Le Figaro-LCI". Mais "je pense que c'est de mauvaise méthode que de commencer par dire qu'il faut un prélèvement", a-t-il ajouté.
"C'est une méthode trop simple devant des problèmes aussi compliqués que de dire: plus il y a de la dépense, il n'y a qu'à prélever plus", a jugé l'ancien ministre de l'Economie.
M. Hollande a proposé en décembre de créer, notamment pour maintenir les petites retraites et celles des métiers pénibles, "une contribution de solidarité, calculée sur l’ensemble de la richesse produite et pas seulement sur le travail", "une sorte de CSG retraite" payée "pour moitié par les salariés et les entreprises".
Interrogé sur les propositions fiscales faites par M. Hollande, qui ont suscité la polémique, M. Strauss-Kahn a estimé que celui-ci ne les a pas faites "comme premier secrétaire", "puisque aucun des points qu'il a proposés n'avait été proposé au Parti socialiste", a-t-il ajouté. "Il dit ce qu'il veut à titre personnel".
Vive la solidarité et vive le programme socialiste !

"Sa bêtise l'a rendue intouchable"


Alain Minc a osé dire tout haut ce que beaucoup à gauche pensent tout bas. Interrogé ce matin sur Canal +, il a raillé la candidate socialiste : "Sa bêtise l'a rendue intouchable." "Vous connaissez sa dernière" a-t-il lancé au journaliste qui l'interviewait ? "En Chine, elle a déclaré que la justice chinoise fonctionne bien et vite." Et de poursuivre, en disant que la grande théorie des citoyens experts, chère à la Poitevine, était la négation même du savoir. Ce qu'avait dit Jospin avant lui. Puis de citer Rocard, qui a confié dernièrement, à l'appui de ses doutes sur les capacités de la candidate : "On ne confie pas un camion de 40 tonnes bourré de TNT à une personne qui n'a même pas le permis voiture."Alain Minc a rappelé que sa préférence allait à DSK. Mais que compte tenu des circonstances, il voterait Sarkozy. Bien plus capable de faire le job que Ségo, selon lui.

Ségolène brave la muraille de Chine

Quel talent ! Quelle "inventivité sémantique" (dixit Jack Lang, ex-tontolâtre devenu Ségolâtre) ! Ségolène Royal s'est une fois de plus distinguée par ses capacités intellectuelles hors du commun, ce week-end en Chine, où elle effectue un voyage de quatre jours. Souhaitant faire couleur locale, elle a décidé de ponctuer chacune de ses apparitions médiatiques de prétendus proverbes du cru. Ainsi a-t-elle déclaré samedi : "Comme le disent les Chinois, un Chinois qui ne vient pas sur la Grande muraille n'est pas un brave et un Chinois qui vient sur la Grande muraille conquiert la bravitude (sic)."L'entourage de Ségolène Royal, pour qui chacune des bourdes de la candidate fait ventre, s'est aussitôt efforcé de donner un sens au néologisme "bravitude". "Je pense que ce qu'elle a voulu exprimer c'est la plénitude de la bravoure (...) c'est-à-dire quelque chose de plus que la simple bravoure", s'est risqué à dire lundi 8 janvier Jean-Louis Bianco, son co-directeur de campagne.Jamais à court d'invention, la madonne des sondages avait auparavant prêté à un obscur Chinois le célèbre proverbe d'Hegel :"Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passions."

Désirs de lire : le livre de la candidate se fait désirer

Ségolène Royal serait-elle en butte au vertige de la page rose ? Ou tout simplement en panne d'idées ? En tout cas, le livre programme qu'elle avait promis pour l'automne se fait sérieusement désirer !
La Poitevine avait annoncé, au début de sa précampagne, qu'elle publierait un «livre participatif» nourri par les contributions recueillies sur son site Internet, desirsdavenir.org, avec mise en ligne d'un chapitre tous les quinze jours. Le premier chapitre, intitulé « Le désordre démocratique », a été mis en ligne le 24 mars dernier, écrit en style télégraphique ; le deuxième, « Les désordres de l'emploi et du travail », le 10 septembre. Las ! Depuis, c'est morne plaine.
Voilà qui est de mauvais augure pour celle qui se targue, contrairement à ses concurrents, de ne promettre que ce qu'elle peut tenir. En attendant, ses fans pourront se contenter des livres écrits par d'autres, qui s'essaient à percer, avec plus ou moins d'esprit critique, le « mystère » de sa personnalité et surtout de sa désignation.
Interrogés par Le Figaro, plusieurs membres de l'équipe Royal sont restés silencieux sur l'avenir de cet ouvrage. « Je ne sais pas », s'est contenté de dire le codirecteur de campagne Jean-Louis Bianco, tandis que Julien Dray, coordonnateur des porte-parole, annonce une réunion prochaine pour décider du sort de cet ouvrage. Indisponibles en librairie également, les livres d'entretiens avec Ségolène Royal, pourtant annoncés depuis des mois dans les rubriques « livres » des magazines.
Ainsi, un contrat a été signé en 2005 entre Royal et les éditions Flammarion pour un livre de ce type. Les entretiens ont été réalisés en 2004-2005 par la journaliste du Journal du Dimanche Pascale Amaudric, et plusieurs fois retravaillés depuis. Annoncée pour mars 2006, la date de parution a été repoussée à septembre 2006 et le livre est désormais annoncé sur les sites de vente en ligne pour mars 2007, avec possibilité de commande à l'avance et photo de la couverture. Mais la candidate du Parti socialiste n'a jamais donné son feu vert pour la publication.

Montebourg : Un porte-parole tout en nuances

Arnaud Montebourg n'est pas près d'ouvrir un compte en Suisse. Le porte-parole de Ségolène Royal a provoqué un tollé au pays de l'argent sale et du chocolat Nestlé. Qualifiant la Suisse de "voisin indélicat" dans une tribune publiée mardi par le journal français Libération, le porte-parole de Mme Royal a prôné un "blocus" à l'encontre des paradis fiscaux qui attirent non seulement des vedettes comme Johnny Hallyday mais aussi les sièges sociaux de grandes entreprises. Pour Montebourg "les grands pays européens devront s'unir (...) afin de construire les conditions d'un changement radical de comportement de ces paradis à nos portes qui, si nous restons les bras ballants, nous préparent l'enfer fiscal". La rhétorique est rarement synonyme d'efficacité économique, chez le député de Saône et Loire."Ségolène part en croisade contre la fiscalité suisse", a titré le quotidien Le Temps, alors que le journal Le Matin a dénoncé "Le Français qui attaque la Suisse". La Zapatera, invitée par le PSS (parti socialiste suisse), devra marcher sur des oeufs lorsqu'elle se rendra sur les bords du Lac Léman.Du pain bénit pour le parti populiste suisse UDC, très jaloux de l'indépendance du pays du gruyère. L'UDC a ainsi claironné exclure tout "compromis" sur la souveraineté fiscale helvétique.Une chose est sûre : si Ségolène Royal est élue en mai prochain, la Suisse ne risque pas de frapper à la porte de l'Europe de sitôt.

Elle n'en fait qu'à sa tête

Un article du "Monde" confirme la fâcheuse propension de la reine de la démocratie participative à n'en faire qu'à sa tête.
"Aucun poing, aucune rose rouge. Tout était bleu, mercredi 20 décembre, dans le gymnase d'Illkirch-Graffenstaden : la scène, le fond de scène, les panneaux-slogans et même les badges. Bleu comme le logo de l'association de campagne Désirs d'avenir, de Ségolène Royal. Bleu comme aucune réunion du PS ne l'est habituellement.Les élus socialistes étaient présents, membres de l'équipe de la candidate, comme Jean-Louis Bianco, son codirecteur de campagne, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l'Assemblée, ou bien élus du cru, comme l'ancienne maire de Strasbourg, Catherine Trautmann, ou le maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Même Henri Emmanuelli était là, en sa qualité de "coordinateur du projet socialiste". Mais chacun a été prié d'intervenir brièvement, ou pas du tout. Mme Royal tient le parti en lisière.Depuis l'investiture de la candidate, la jonction entre son équipe, restreinte, et le parti paraît laborieuse. Nommé codirecteur de campagne, François Rebsamen, numéro deux du PS, n'est jamais visible. Les informations circulent au compte-gouttes. Les dirigeants socialistes avaient appris au dernier moment le déplacement de Mme Royal au Proche-Orient. C'est encore le cas pour sa visite annoncée en Chine, début janvier. Tout se décide selon l'intuition de la candidate, qui n'en fait qu'à sa tête. "Elle n'écoute pas", s'agace un membre de son équipe.Le siège de la campagne, a-t-elle assuré, sera celui du parti. Mais elle emménage avec sa seule garde rapprochée boulevard Saint-Germain, à Paris, presque en catimini. Les mesures sociales et économiques exposées par François Hollande, dans Le Monde du 19 décembre, ont été abondamment commentées. Elle n'en a pas dit un mot. Mieux : le jour de la parution de l'entretien, Mme Royal a annulé deux conférences de presse sans explication. Voulait-elle échapper aux questions sur l'intervention du premier secrétaire du PS ?Son attitude a entretenu le doute sur leur rivalité potentielle. Cette ambiguïté n'a pas été dissipée par M. Bianco. Interrogé sur RTL, jeudi matin, il a précisé à propos de la CSG retraite, évoquée par M. Hollande, que ce sujet avait été "débattu dans le cadre du projet", mais "pas inscrit dans le projet". "C'est une idée en débat. (...) Que François Hollande (...) participe au débat participatif, c'est tout à fait son droit", a fait valoir M. Bianco.La candidate avait annoncé son intention d'étoffer son équipe, mais rien n'est venu. Au grand dam de dirigeants socialistes, qui attendaient un signe. Sur le terrain, les tensions sont parfois sensibles entre les comités Désirs d'avenir et les fédérations socialistes. Certes, le PS se met en ordre de marche. Mais la méthode très personnelle de la candidate déroute le parti. " Isabelle Mandraud

Le slogan qui déchire grave

La rupture tranquille de Sarkozy n'a qu'à bien se tenir. C'est du pipi de chat en comparaison de ce que nous promet l'affiche de la candidate socialiste : "Pour que ça change fort !" Même si on ne peut s'empêcher de penser aussitôt à la pub "Vichy Saint-Yorre, c'est fort !" Un programme électoral qui évoque une eau de régime n'est pas forcément synonyme de dynamisme.
Fort heureusement, son entourage a pris soin de préciser que ce n'est pas l'affiche définitive. Même si elle sera diffusée à trois cent mille exemplaires.
Voilà qui tombe bien. Car la photo est à l'image du slogan : floue. On voit la madone entouré de quidams qui ont la particularité d'être... flous ! Doit-on en déduire que c'est parce qu'ils n'ont pas encore été éclairés par la vérité céleste délivrée par la Poitevine ? Laquelle a tout de même la modestie de se tenir au milieu d'eux, à la même hauteur. Faudra-t-il attendre le résultat des élections pour que les admirateurs flous soient soudain touchés par la grâce de la clarté ?

Ségolène Royal fait la leçon aux militants


Ce n'est pas une candidate à la présidentielle mais une maîtresse d'école qu'ont désignée hier les militants socialistes. Ségolène Royal s'est en effet, par moments, adressé à eux comme à une classe d'élèves : "Si vous faites bien ce que je vous propose, si vous me faites bien remonter ce que vous entendez des Français, de leur intelligence collective pour que je puisse réajuster les choses en temps réel, si vous faites bien tout cela, alors, oui, je vous mènerai à la victoire."Une chose est sûre : Ségolène Royal a parfaitement compris qu'un militant socialiste est à la politique ce qu'elle est à Hillary Clinton.